Amoureux ET parents :
mission impossible ?

avec Mar­gel­li­na Kerjoant
On entend de plus en plus, et de par­tout, par­ler du « baby clash » : la crise de couple qui irait de paire avec l’arrivée d’un enfant au sein du couple.
Mais si l’expression est uti­li­sée à tout va, quelle réa­li­té recouvre-t-elle vrai­ment ? Quelles en sont les causes, et com­ment mettre toutes les chances de son côté pour vivre l’arrivée d’un bébé le plus serei­ne­ment possible ?
Mar­gel­li­na Ker­joant, psy­cho­thé­ra­peute de couple depuis plus de 15 ans, répond à nos questions.
💡 Si l’ar­ri­vée d’un pre­mier enfant cham­boule bien évi­dem­ment votre quo­ti­dien de couple, avoir une dis­cus­sion ensemble en amont sur vos attentes vous per­met­tra d’être au clair sur la famille que vous sou­hai­tez créer ensemble.

Les statistiques sur le taux de séparation des couples dans l’année suivant la naissance du premier enfant sont terrifiantes. Sans aller jusqu’à parler de séparation, est-ce que le baby clash est un phénomène que tu observes beaucoup dans tes patients ? 

C’est un phé­no­mène que j’ai com­men­cé à obser­ver assez récem­ment, je dirais vers 2020 : cela ne veut pas dire que tout était par­fait avant, mais le terme n’existait pas, et les couples consul­taient moins pour cela. Aujourd’hui j’en reçois beau­coup plus.

Cette évo­lu­tion vient pro­ba­ble­ment du fait que la parole est plus libé­rée, mais peut-être éga­le­ment du fait qu’il existe selon moi une pres­sion de plus en plus forte pour être des « parents par­faits ». J’y revien­drai plus tard, mais le terme en lui-même est selon moi à double tran­chant : il peut créer une anxié­té contre pro­duc­tive chez les futurs ou jeunes parents.

Ce « baby clash », cela ressemble à quoi concrètement ? 

Cela cor­res­pond à une période où il n’y a plus de qua­li­té de lien, ni de dia­logue entre les parents. Le lien est cou­pé ; il est rem­pla­cé par des reproches, un repli sur soi-même, du ressentiment…

Il y a autant de situa­tions dif­fé­rentes que de couples, mais le sché­ma que l’on retrouve fré­quem­ment chez les couples hété­ros est le sui­vant : la mère fusionne avec son bébé, et le père peut se sen­tir exclu de ce nou­veau duo, soit parce que la mère ne lui fait pas suf­fi­sam­ment confiance pour lui don­ner un rôle auprès du bébé, soit parce qu’il n’est pas assez inves­ti, ou pas comme la mère le voudrait.

Cela crée plein de frus­tra­tions, de décep­tions, et si elles ne sont pas expri­mées de façon fonc­tion­nelle, le res­sen­ti­ment s’installe insi­dieu­se­ment de mois en mois. Cha­cun en veut de plus en plus à l’autre, ce qui crée un cercle vicieux.

Combien de temps dure-t-il en moyenne ? 

La durée de cette crise est tota­le­ment variable, en fonc­tion de ce que le couple en fait. Elle dure jusqu’à ce que le couple prenne les choses en main et cherche une solu­tion. Si ce n’est pas le cas, cette crise peut mal­heu­reu­se­ment abou­tir à la rupture. 

Quelles en sont selon toi les principales causes ?

La pre­mière ques­tions à se poser est de faire le point sur l’état de la rela­tion avant la nais­sance du bébé : ce sont sou­vent les fra­gi­li­tés pré-exis­tantes qui se cris­tal­lisent avec l’arrivée de l’enfant.

Quoi qu’il en soit, lorsqu’un bébé arrive, l’organisation du duo devient obso­lète, et il faut recréer une nou­velle orga­ni­sa­tion. Dans les faits, la charge men­tale, les tâches… ne sont pas for­cé­ment répar­ties à un par­fait 50/​50. C’est OK si la com­mu­ni­ca­tion est fluide, si cha­cun prend la res­pon­sa­bi­li­té de ses besoins et les exprime. Sans vraie com­mu­ni­ca­tion en revanche, cette nou­velle orga­ni­sa­tion, ces nou­velles contraintes peuvent insi­dieu­se­ment créer du res­sen­ti­ment d’un côté ou de l’autre, voire des deux.

    Les rai­sons de cette crise sont donc en par­tie internes au couple, à com­men­cer par une mau­vaise com­mu­ni­ca­tion :
  • Attentes non verbalisées
  • Peu ou pas de réelle écoute
  • Peur de l’un ou de l’autre de dire ce qu’il res­sent réellement
Bien sûr, cette com­mu­ni­ca­tion inef­fi­cace ou absente est accen­tuée par le manque de som­meil, l’anxiété et le stress.

Cette crise peut éga­le­ment être ali­men­tée par un mal être indi­vi­duel : nos­tal­gie de la liber­té d’avant, echo dou­lou­reux à sa propre enfance… ces res­sen­tis sont fré­quents et natu­rels, mais deviennent pro­blé­ma­tiques lorsqu’ils ne sont pas accom­pa­gnés d’une bonne com­mu­ni­ca­tion de couple.

Enfin, des fac­teurs exté­rieurs en « rajoutent une couche » : la pres­sion actuelle à être des parents par­faits, 100% dédiés à leur bébé, au défi­cit du temps pas­sé seul ou à deux pour se ressourcer.

Selon toi, que peut mettre en place le couple en amont de la naissance, ou même de la conception, pour préparer au mieux l’arrivée d’un enfant et préserver son couple ?

    En amont, il est impor­tant de prendre de vrais temps de dis­cus­sion à deux, en fai­sant un exer­cice de pro­jec­tion. Vous pou­vez par exemple échan­ger autour des ques­tions sui­vantes :
  • Com­ment vous pro­je­tez-vous dans votre rôle de parents ?
  • Quel mode de vie fami­lial vou­lez-vous créer ?
  • Tout aus­si impor­tant : com­ment vous pro­je­tez-vous indi­vi­duel­le­ment, en tant que per­sonne, dans cette nou­velle vie ?
  • Quelles sont vos valeurs (indi­vi­duelles et de couple) ?
  • Les­quelles sou­hai­tez-vous transmettre ?

    Une bonne pra­tique peut éga­le­ment être de pas­ser des accords en amont de la nais­sance, comme par exemple :
  • Ne pas prendre de déci­sion irré­vo­cable tant que vous serez en défi­cit de sommeil,
  • Vous dédier une soi­rée en amou­reux toutes les deux semaines,
  • Avoir x heures de temps per­so cha­cun (pour le sport, voir les amis…) chaque semaine.

Il fau­dra bien sûr réajus­ter ces accords en fonc­tion de la réa­li­té, mais les avoir fixés en amont per­met de gar­der un cap et de pré­ser­ver le lien au sein du couple.

Et après la naissance ?

Les maîtres mots, une fois que le bébé est là, sont l’équilibre et l’écoute.

Bien que l’arrivée d’un bébé soit un cham­bou­le­ment, ce der­nier ne doit pas absor­ber 100% du temps et de l’énergie des parents. Cha­cun reste d’une part une per­sonne en tant que telle, et un amoureux.se.

Il est néces­saire de trou­ver un équi­libre entre temps dédié aux enfants, et temps de qua­li­té dédié au couple. Au tout début, même une ou deux heures en tête à tête, pour sim­ple­ment prendre un café au bout de la rue, sont hyper impor­tantes pour l’équilibre glo­bal du foyer.

    Dans le cas où la situa­tion com­pli­quée est déjà ins­tal­lée, la prio­ri­té est de res­tau­rer le lien (sans lequel la com­mu­ni­ca­tion sur les sujets de fond va être com­pli­quée), avant d’essayer de « solu­tion­ner » les pro­blèmes. Cela passe par :
  • Res­tau­rer la confiance : tenir ses enga­ge­ments, avoir une parole fiable
  • S’octroyer des moments de qua­li­té, en visant « petit » (pas for­cé­ment un week-end de dingue, mais une demie heure de jeu de socié­té), sans for­cé­ment par­ler de choses importantes.
  • Ensuite, une fois un cer­tain apai­se­ment retrou­vé, le couple se sen­ti­ra un peu plus capable d’aller abor­der les « sujets qui fâchent ».
  • Soit seuls s’ils s’en sentent capable, soit en allant cher­cher de l’aide à l’extérieur (comme une thé­ra­peute, sans attendre trop longtemps).

Je trouve qu’on parle beaucoup de l’arrivée d’un enfant en termes qui peuvent paraître effrayants (« tempête », « révolution»…). As-tu quelque chose de rassurant à partager pour le mot de la fin ?

Je suis 100% d’accord, je ne suis d’ailleurs pas hyper à l’aise avec des termes comme le « baby clash », qu’on retrouve par­tout en ce moment : ils enferment dans des cases, et ajoutent de l’appréhension et de l’an­xié­té autour de l’arrivée d’un bébé.

Il faut se rap­pe­ler qu’une nais­sance est avant tout un moment joyeux, que l’on a le droit d’attendre avec exci­ta­tion et bon­heur. Sans vou­loir faire ma vieille bique, lorsque j’ai eu ma fille en 2002, il y avait bien sûr déjà des pro­blèmes dans les couples, des choses à cor­ri­ger, mais beau­coup moins de pres­sion autour de tout cela. On atten­dait un bébé, ça allait être génial, et on n’était pas entou­rés de tout ce champ lexi­cal autour de la menace que repré­sente un bébé pour le couple.

Aujourd’hui, les futurs parents entendent presque que cela va être la fin de leur couple ! Ras­su­rez-vous, cela peut aus­si très bien se pas­ser et être une belle aven­ture à deux !

PS : Si la ges­tion des conflits est un sujet qui vous inté­resse, l’article sui­vant devrait vous inté­res­ser -> https://www.unio-preparation.com/blog/vie-de-couple/disputes-de-couple/
Mar­gel­li­na est thé­ra­peute de couple depuis plus de 10 ans, et accom­pagne les couples (ou les femmes indi­vi­duel­le­ment) lors de séances à la carte ou d’accompagnement « boost and go ».
Les accom­pa­gne­ments « Boost and go » sont un pro­gramme de 4 ou 8 séances d’une heure en visio, pour les couples qui veulent faire le plein d’outils concrets pour avan­cer en auto­no­mie.

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